DIEU A
VOULU COMMENCER ET ACHEVER SES PLUS GRANDS OUVRAGES
Marie nest quune pure créature sortie des mains du Très-Haut, et par elle Dieu a voulu commencer et achever ses plus grands ouvrages, depuis quIl la formée et, bien quIl ait pu tout faire sans elle, Il ne changera pas sa conduite et ses sentiments dans les siècles des siècles. Dieu le Père na donné son Fils unique au monde que par Marie, et ce nest que par la force de ses prières et la hauteur de ses vertus que nous avons obtenu ce trésor, et non point par les demandes quaient faites les Patriarches et les Saints de lancienne loi. Ainsi le Fils de Dieu sest fait homme pour notre salut en Marie et par Marie. Il a été formé en Marie par le Saint-Esprit mais seulement après lui avoir demandé son consentement par un des premiers ministres de sa cour. Ce Dieu fait homme a trouvé sa liberté à se voir emprisonné dans son sein ; Il a fait éclater sa force à se laisser porter par cette petite fille. Il a trouvé sa gloire et celle de son Père à ne révéler ses splendeurs quà Marie et les a cacher à toutes les créatures. Il sest plu à dépendre de Marie dans sa conception, en sa naissance, en sa présentation au temple, en sa vie cachée de trente ans, jusquà sa mort, où elle devait assister, pour ne faire avec elle quun même Sacrifice. Cest elle qui la allaité, nourri, entretenu, élevé et sacrifié pour nous. Jésus-Christ a donné à son Père plus de gloire par sa soumission à Marie en trente années, quIl nen a eût donné en convertissant toute la terre par ses grandes merveilles. Ainsi, nous-mêmes nous devons glorifié Dieu par et en Marie à lexemple de Jésus-Christ, notre unique modèle. Notre Seigneur Jésus-Christ a sanctifié saint Jean (le Baptiste) dans le sein de sa mère Elisabeth, par la parole de Marie ; aussitôt quelle eut parlé, Jean fut sanctifié et cest son premier et plus grand miracle de grâce. Jésus-Christ changea leau en vin aux noces de Cana, à son humble prière, et cest son premier miracle de nature. Il a commencé et continué ses miracles par Marie, et les continuera jusquà la fin des siècles par Marie. Ainsi, plus Dieu trouve Marie dans une âme et plus Il devient opérant et puissant pour produire Jésus-Christ en cette âme et cette âme en Jésus-Christ. Dieu le Père a fait un assemblage de toutes ses grâces, quIl a appelé Marie. Dieu le Fils a communiqué à sa mère tout ce quIl a acquis par sa vie et sa mort, ses mérites infinis, et Il la faite la trésorière de tout ce que son Père lui a donné en héritage ; cest par elle que passe tous ses dons, ses mérites, ses vertus et distribue ses grâces. Dieu le Saint-Esprit a communiqué à Marie ses dons ineffables, Il la choisie pour la dispensatrice de tout ce quil possède ; en sorte quelle distribue à qui elle veut, autant quelle veut, comme elle veut et quand elle veut, tous ses dons et ses grâces ; si bien quil ne se donne aucun don céleste aux hommes quil ne passe par ses mains virginales. Car telle est la volonté de Dieu, qui a voulu que nous ayons tout par Marie, car ainsi sera enrichie, élevée et honorée du Très-Haut celle qui sest appauvrie, humiliée, cachée jusquau fond du néant, pendant toute sa vie. A nen point douté Notre-Seigneur est encore dans le Ciel aussi Fils de Marie quIl létait sur la terre, et que, par conséquent, toujours en sa volonté, Il a conservé la soumission et lobéissance du plus parfait des enfants à légard de la Meilleure de toutes les mères. Mais il ne faut pas oublier que malgré cette volonté dabaissement Notre-Seigneur est infiniment pus parfait et plus grand que sa Sainte Mère ; et que, Marie, infiniment au-dessous de son Fils, ne lui commande pas comme une mère dici-bas, mais ne demande, ni ne veut ni ne fait rien qui soit contraire à la volonté de Dieu. Lautorité que Dieu a bien voulu lui donné est si grande, quil semble quelle a la même puissance que Dieu. Les Prières et Demandes de Marie sont si puissantes auprès de Dieu, quelles passent toujours pour des commandements auprès de sa Majesté, qui ne lui résiste jamais, parce quelle est toujours humble et conforme à sa volonté. Marie, dans les cieux, commande sur les Anges et les Bienheureux. Le Ciel, la terre et les enfers plient bon gré mal gré, aux commandements de Marie, car Dieu la faite Souveraine du ciel et de la terre, Générale des ses armées, Trésorière de ses trésors, Dispensatrice de ses grâces, Ouvrière de ses grandes merveilles, Médiatrice des hommes, Exterminatrice de ses ennemis et Fidèle compagne de ses grandeurs et de ses triomphes. Comme dans la génération naturelle il y a un père et une mère, de même dans la génération surnaturelle et spirituelle il y a un père qui est Dieu et une mère qui est Marie. Tous les enfants de Dieu et prédestinés ont Dieu pour père et Marie pour mère, et qui na pas Marie pour mère na pas Dieu pour père. Ceux qui la regardent avec indifférence ou la haïssent nont point Dieu pour Père. Notre-Seigneur a dit : " Je conduirai les bons comme les méchants, les premiers par la verge dor et les autres par la verge de fer, je serai le père et lavocat des uns, le juste vengeur des autres, et juge de tous ; mais pour vous, ma chère Mère, vous naurez pour votre héritage et possession que les prédestinés, et comme leur bonne Mère vous les enfanterez, nourrirez, élèverez ; et, comme Souveraine, vous les conduirez, gouvernerez et défendrez. " Saint Augustin dit que tous les prédestinés, pour être conformes à limage du Fils de Dieu, sont en ce monde cachés dans le sein de la très Sainte Vierge, où ils sont gardés, nourris, entretenus et agrandis par cette bonne Mère, jusquà ce quelle ne les enfante à la gloire, après la mort, qui est proprement le jour de leur naissance Dieu le Saint-Esprit veut se former en elle et par elle des élus. Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, elle y produit des merveilles de grâce. Na-t-elle pas produit, avec le Saint-Esprit, la plus grande chose qui ait été et sera jamais, un Dieu-Homme ? Il suffit de la trouver dans une âme pour que le Saint-Esprit y vole et y entre pleinement ; Il sy communique abondamment. Et pour preuve que le Saint-Esprit ne fait pas maintenant des merveilles éclatantes dans les âmes, cest quIl ny trouve pas une assez grande communion avec sa fidèle et indissoluble Epouse. |
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NECESSITE DE LA DEVOTION A MARIE.
Il nous faut avoir de lestime et de lamour, pour la Sainte Vierge Marie, et cest une marque infaillible de prédestination de lui être entièrement et véritablement dévoué et dévot. Tout le prouve, les figures et paroles de lAncien et du Nouveau Testament, les sentiments et les exemples des Saints, Les passages des saints Pères et des Docteurs, le diable même et ses suppôts, pressés par la force de vérité et qui ont été obligés de lavouer malgré eux. Etre dévot à Marie cest une arme de salut que Dieu donne à ceux quIl veut sauver, nous dit saint Jean Damascène. Ainsi cette image de saint François, lorsquil vit, dans une extase, une très grande échelle qui allait jusquau ciel, au bout de laquelle était la Sainte Vierge et par laquelle il lui fût montré quil fallait monter pour arriver au Ciel. La dévotion à la Sainte Vierge est nécessaire à tous les hommes pour faire leur salut, elle lest encore plus à ceux qui sont appelés à une perfection particulière, et il nest personne qui ne puisse acquérir une union intime avec Notre-Seigneur et une parfaite fidélité avec le Saint-Esprit, sans une très grande union avec La Sainte Vierge Marie et une grande dépendance de son secours. Car elle était pleine de grâce quand elle fut saluée par lArchange Gabriel, et remplit de grâce par le Saint-Esprit quand Il la couvrit de son ombre ineffable. Marie est partout larbre véritable qui porte le fruit de vie ; et la vraie Mère qui le produit. Cest Marie seule qui donne lentrée dans le paradis terrestre aux misérables enfants dEve linfidèle, pour sy promener avec Dieu, pour sy cacher sûrement contre ses ennemis et pour sy nourrir délicieusement, et ne plus craindre la mort. Marie est le moyen sûr et la voie droite et immaculée pour aller à Jésus-Christ et le trouver parfaitement. Celui qui trouvera Marie trouvera la vie, cest-à-dire Jésus-Christ, qui est la Voie, la Vérité et la Vie. Mais on ne peut trouver Marie quon ne la cherche ; on ne peut la chercher quon ne la connaisse ; car on ne cherche ni on ne désire un objet inconnu. Il faut donc que Marie soit plus connue que jamais, à la plus grande connaissance et gloire de la Très Sainte-Trinité, pour ramener et recevoir les pauvres pécheurs et dévoyés qui se convertiront et reviendront à lEglise catholique, et enfin elle doit éclater en grâce pour animer et soutenir les fidèles serviteurs de Jésus-Christ qui combattront pour ses intérêts. |
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FIN DERNIERE DE NOS DEVOTIONS.
Jésus-Christ doit être la fin dernière de toutes nos dévotions, sinon elles seraient fausses et trompeuses. Car, Lui seul est notre unique Seigneur, auquel nous devons être unis, et nous conformer. Tout édifice qui nest pas posé sur cette pierre ferme, tombera infailliblement tôt ou tard. Tout fidèle qui nest pas uni à Lui, tombera et sera jeté au feu. Si nous sommes en Jésus-Christ, et Jésus-Christ en nous, nous navons point de damnation à craindre. Par Lui, avec Lui et en Lui, nous pouvons toutes choses. Ainsi, notre dévotion à Marie nous est nécessaire que pour établir parfaitement la dévotion en Jésus-Christ. Si au contraire, elle devait nous éloigner de Jésus-Christ, il faudrait la rejeter comme une illusion du diable. Notre-Seigneur Jésus-Christ est toujours avec Marie, et Marie toujours avec Notre-Seigneur et ne peut être sans Lui, autrement elle cesserait dêtre ce quelle est. Notre-Seigneur vit et règne en elle. Si lon connaissait la gloire et lamour que reçoit Notre-Seigneur de cette admirable créature, on aurait de Notre-Seigneur et de Marie bien dautres sentiments que lon na pas. Elle glorifie plus parfaitement Notre-Seigneur que toutes les créatures ensemble. Nest-ce pas une chose étonnante et pitoyable de voir lignorance de tous les hommes dici-bas à légard de la sainte Mère de Dieu ? Non pas des hérétiques, des idolâtres, des schismatiques, des séparés de lEglise, mais des chrétiens catholiques et des ministres de Jésus-Christ, qui ne parlent que rarement de la Très Sainte Vierge Marie et de la dévotion quon lui doit avoir parce quils craignent, disent-ils, quon en abuse, quon ne fasse à Jésus-Christ quelque injure en honorant trop la sainte Vierge, surtout en notre temps ou on ne doit pas froisser les protestants ou autres confessions sous couvert dcuménisme , parce queux-mêmes nont pas cette dévotion pour Marie, regardant le Rosaire, le Scapulaire, le Chapelet, comme des dévotions de femmelettes, propres aux ignorants, sans lesquelles on ne peut se sauver. Ces gens ont-ils lesprit de Jésus-Christ ? Est-ce plaire à Jésus-Christ que de ne pas faire tous ses efforts pour plaire à sa Mère, de peur de Lui déplaire ? La dévotion à Marie empêche-t-elle la vraie dévotion à Jésus-Christ ? Marie fait-elle bande à part, est-elle une étrangère, sans liaison avec Notre-Seigneur ? Est-ce se séparer ou séloigner de lamour du Christ que de se donner à elle et de laimer ? Gardez-nous Seigneur de leurs pratiques et de leurs sentiments et donnez-nous quelque part aux sentiments de reconnaissance, destime, de respect et damour que vous avez à légard de votre sainte Mère, afin que nous laimions et glorifions ; et Faites-nous la grâce de la louer dignement malgré tous ses ennemis, qui sont les vôtres, nous préservant de ne jamais loffenser. |
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Nous ne sommes point à nous, mais tout entiers à Jésus-Christ, comme ses membres et ses esclaves quIl a achetés infiniment cher, par le prix de son sang. Et cest le Baptême qui nous a rendus ses véritables esclaves (damour), qui ne doivent vivre, travailler et mourir que pour Le glorifier en notre corps et Le faire régner en notre âme. Sans le Baptême nous serions les esclaves de Diable. Tout homme dès sa naissance devient lesclave de Dieu de par nature sans le vouloir ni le désirer ; Les démons et les damnés le sont aussi par contrainte ; enfin les Justes et les Saints le deviennent par volonté amoureuse et sont les plus parfaits et les plus glorieux à Dieu, qui regarde les curs, parce que par cet esclavage, on fait le choix de Dieu et de son service, quand même la nature ny obligerait pas. Le serviteur ne donne pas tout ce quil est, tout ce quil possède et tout ce quil peut acquérir à son maître ; mais lesclave se donne tout entier, tout ce quil possède et tout ce quil peut acquérir à son maître, sans aucune exception. Le serviteur exige des gages de ses services et travaux, de plus, il peut quitter son maître dès que le temps de son service sera expiré ou quand il le voudra. Alors que lesclave ne peut rien exiger ni na le droit de quitter son maître. Le serviteur sert son maître pour un temps, lesclave pour toujours. Nous devons donc servir Jésus-Christ, non seulement comme des serviteurs, mais comme des esclaves amoureux, qui se donnent et se livrent à le servir en qualité desclaves, pour lhonneur seul de Lui appartenir. Avant le Baptême nous étions les esclaves du Diable ; par le Baptême nous sommes devenus esclaves de Jésus-Christ. Le chrétien ne peut servir deux maîtres. Notre-Seigneur Jésus-Christ a choisi pour compagne indissoluble, de sa vie, de sa mort, de sa gloire et de sa puissance au ciel et sur la terre, la Sainte Vierge Marie, et, Il lui a donné par grâce tous les mêmes droits et privilèges quIl possède par nature. Ainsi, tout ce qui convient à Dieu par nature, convient à Marie par grâce, car nayant tous deux que la même volonté et la même puissance, Ils ont tous deux les mêmes sujets, serviteurs et esclaves. On peut donc, sans offenser quiconque, se dire et se faire lesclave amoureux de la Très Sainte Vierge Marie, afin dêtre plus parfaitement esclave de Jésus-Christ. Si Notre-Seigneur sest servi de La Sainte Vierge pour venir à nous, nous devons nous aussi nous servir de Marie pour aller à Lui. Car la plus forte inclination de Marie est de nous unir à Jésus-Christ, son Fils, et la plus forte inclination du Fils est quon vienne à Lui par sa sainte Mère ; Et cest lui faire honneur et plaisir que de se faire esclave de sa Mère. |
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SE VIDER DE CE QU'IL Y A DE MAUVAIS EN NOUS.
Nos meilleures actions sont ordinairement souillées et corrompues par le mauvais fond qui est en nous. Il est donc urgent de nous vider de ce quil y a de mauvais en nous pour acquérir la perfection, qui ne sacquiert que par lunion à Jésus-Christ. Les péchés actuels que nous avons commis, soit mortels, soit véniels, quelque pardonnés quils soient, ont augmenté notre concupiscence, notre faiblesse, notre inconstance et notre corruption, et ont laissé de mauvais restes dans notre âme. Notre âme, unie à notre corps, est devenue si charnelle, quelle est appelée chair. Nous navons pour partage que lorgueil et laveuglement dans lesprit, lendurcissement dans le cur, la faiblesse et linconstance dans lâme, la concupiscence, les passions révoltées et les maladies dans le corps. Nous sommes très attachés à la terre, vilains, envieux, gourmands, violents, et nous ne méritons que la colère de Dieu et lenfer éternel. Notre-Seigneur nous a dit que celui qui voulait le suivre devait renoncer à soi-même et haïr son âme ; que celui qui aimerait son âme la perdrait et que celui qui la haïrait la sauverait ! Pour nous vider de nous-mêmes, nous devons tous les jours mourir à nous-mêmes : cest-à-dire quil faut renoncer aux opérations des puissances de notre âme et des sens du corps, quil faut voir comme si on ne voyait point, entendre comme si lon entendait point, se servir des choses de ce monde comme si on sen servait point. Pour mourir à nous-mêmes, il nous faut choisir parmi toutes les dévotions à la Très Sainte Vierge Marie celle qui porte le plus à cette mort à nous-mêmes. La pratique à découvrir est un des secrets de sa grâce, inconnu du grand nombre de chrétiens, connu de peu de dévots, et pratiqué et goûté dun bien petit nombre. Mais avant de la découvrir voyons une autre vérité, celle de prendre un médiateur. |
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UN MEDIATEUR AUPRES DU MEDIATEUR MÊME.
Dieu a vu notre indignité et incapacité à nous approcher de Lui, car notre fond est si corrompu que pour arriver à Lui plaire tous nos travaux, industries, préparations ont peu de poids devant Lui. Aussi, Dieu a eu pitié de nous, et, pour nous donner accès à ses miséricordes, nous a pourvu des intercesseurs puissants auprès de sa grandeur ; en sorte que les négliger et sapprocher directement de sa Sainteté sans aucune recommandation, cest manquer dhumilité et de respect envers un Dieu si Haut et si Saint. Pour avoir accès auprès de la Majesté, nous devons paraître appuyés et revêtus des mérites dun avocat parfait et dun médiateur suprême. Cet avocat, ce médiateur suprême, cest et ne peut être que Notre-Seigneur Jésus-Christ. Mais navons-nous pas besoin dun médiateur auprès du Médiateur même ? notre pureté est-elle assez grande pour nous unir directement à Lui et par nous-mêmes ? Nest-il pas Dieu, en toutes choses égal à son Père ? Naurions-nous pas à cet égard moins de crainte et de respect pour sa Majesté et sa Sainteté ? Qui peut alors être capable de remplir cet office charitable ? Vers qui devons-nous aller ? Saint Bernard nous montre le chemin sûr et ferme, il nous dit que cest par Marie que Jésus nous est venu, et cest par elle que nous devons aller à Lui. Marie est notre Mère, elle est bonne et tendre ; il ny a en elle rien daustère ni de rebutant ; en la voyant, nous voyons notre propre nature. Elle est belle et douce, elle qui reçoit la lumière divine et qui la tempère pour la rendre conforme à notre petite portée. Elle est si charitable quelle ne rebute personne de ceux qui demandent son intercession, quelque pécheurs quils soient ; car comme le disent les Saints, il na jamais été ouï dire, depuis que le monde est monde, quaucun ait eu recours à la Sainte Vierge avec confiance et persévérance, et en ait été rebuté. Elle est si puissante que jamais elle na été refusée dans ses demandes ; elle na quà se montrer devant son Fils pour le prier : aussitôt Il accorde, aussitôt Il reçoit ; et Il est toujours amoureusement vaincu par les Prières de sa très chère Mère. Selon saint Bernard et saint Bonaventure, nous avons trois degrés à monter pour aller à Dieu : le premier, le plus proche et le plus conforme à notre capacité, cest Marie, notre Médiatrice dintercession ; le second, est Jésus-Christ, notre Médiateur de Rédemption ; et le troisième est Dieu le Père. Mais pourquoi est-il si difficile de conserver en nous les grâces et trésors que nous avons reçus de Dieu ? Parce que nous avons ce trésor dans de fragiles valises, dans un corps corruptible, dans une âme faible et changeante, quun rien trouble et abat. Parce que les démons veulent nous surprendre à limproviste pour nous voler et dévaliser ; ils épient jour et nuit le moment favorable pour cela, et nous enlever en un moment, par un péché, tout ce que nous avons pu gagner de grâces et de mérites en plusieurs années. A nous de craindre ce malheur. Mais, dirions-nous, doù vient cet étrange changement ? Ce na pas été faute de grâce ? Non, mais faute dhumilité, de se croire plus fort et suffisant quon ne lest, capable de garder seul son trésor, sappuyer sur soi-même, croire sa maison plus sûre pour garder le précieux trésor de la grâce ; et cest de cet appui imperceptible que lon a de soi, que le Seigneur très juste permet que lon soit volé, nous délaissant à nous-mêmes. Si nous avions connu la dévotion admirable à Marie, nous aurions confié notre trésor à cette Vierge puissante et Fidèle, qui nous laurait gardé comme son bien propre, et même sen serait fait un devoir de justice. Sil est si difficile de persévérer dans la justice, cest parce que le monde est maintenant si corrompu quil est comme nécessaire que les curs religieux en soient souillés, sinon par sa boue, du moins par sa poussière ; en sorte que cest une espèce de miracle quand une personne demeure ferme au milieu de cette mer orageuse sans en être entraînée, endommagée, abîmée, pillée. Cest la Vierge Fidèle, dans laquelle le serpent na jamais eu de part, qui fait ce miracle à légard de ceux et celles qui laiment de la belle manière. |
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LA PRATIQUE PARFAITE DE LA DEVOTION A MARIE.
Il ny a point de pratique de dévotion envers la sainte Vierge semblable à celle qui exige dune âme plus de sacrifices pour Dieu, qui la vide plus delle-même et de son amour-propre, qui la conserve plus fidèlement dans la grâce, et la grâce en elle, qui lunisse plus parfaitement et plus facilement à Jésus-Christ, et enfin qui soit plus glorieuse à Dieu, sanctifiante pour lâme et utile au prochain. Certainement point comprise de tout le monde, cette dévotion consiste dans lintérieur quelle doit former. Mais qui peut arriver à ce degré ? Celui-là seul, à qui lEsprit de Jésus-Christ révèlera ce secret, et y conduira Lui-même lâme bien fidèle pour avancer de vertus en vertus, de grâce en grâce et de lumières en lumières pour arriver jusquà la transformation de soi-même en Jésus-Christ, et à la plénitude de son âge sur la terre et de sa gloire dans le ciel. Ainsi, toute notre perfection consiste à être conformes, unis et consacrés à Jésus-Christ, la plus parfaite de toutes les dévotions. Or, Marie étant la plus conforme à Jésus-Christ de toutes les créatures, il sensuit que la dévotion qui consacre et conforme le plus une âme à Notre-Seigneur est la dévotion à la Très Sainte Vierge, sa sainte Mère, et que plus une âme sera consacrée à Maire, plus elle le sera à Jésus-Christ. Cest pourquoi la parfaite consécration à Jésus-Christ nest autre chose quune parfaite et entière consécration de soi-même à la Très Sainte Vierge. Pour être tout entier à Jésus-Christ par elle, il faut lui donner : 1° notre corps avec tous ses sens et ses membres ; 2° notre âme avec toutes ses puissances ; 3° nos biens extérieurs quon appelle de fortune, présents et à venir ; 4° nos biens intérieurs et spirituels, qui sont nos mérites, nos vertus et nos bonnes uvres passées, présentes et futures : en deux mots, tout ce que nous avons dans lordre de la nature et dans lordre de la grâce, et tout ce que nous pourrons avoir à lavenir dans lordre de la nature, de la grâce ou de la gloire, cela sans aucune réserve, pas même dun cheveu et de la moindre bonne action, et cela pour toute léternité et sans prétendre ni espérer aucune autre récompense de son offrande et de son service, que lhonneur dappartenir à Jésus-Christ par elle et en elle. Il sensuit que par cette dévotion on donne à Jésus-Christ, de la manière la plus parfaite, puisque cest par les mains de Marie, tout ce quon peut lui donner, et beaucoup plus encore que les autres dévotions, car nous Lui donnons la liberté ou le droit quon a de disposer de la valeur de ses bonnes uvres, et on se dépouille de ce que lhomme chrétien a de plus précieux et de plus cher, qui sont ses mérites et ses satisfactions. Ainsi, une personne qui sest volontairement consacrée et sacrifiée à Jésus-Christ par Marie ne peut plus disposer de la valeur daucune de ses bonnes actions ; tout ce quil souffre, tout ce quil pense, dit et fait de bien, appartient à Marie, afin quelle en dispose selon la volonté de son Fils, et à sa plus grande gloire. Mais alors cette dévotion et consécration à Jésus-Christ par Marie ne nous met-t-elle pas dans limpuissance de secourir les âmes de nos parents, amis et bienfaiteurs ? non, parce quils nest pas croyable que nos parents, amis et bienfaiteurs, souffrent du dommage de ce que nous sommes dévoués et consacrés sans réserve au service de Notre-Seigneur et de sa sainte Mère. Ce serait faire injure à la puissance et à la bonté de Jésus et de Marie, qui sauront bien assister nos parents, amis et bienfaiteurs. De plus rien nempêche dans cette pratique de prier pour les autres, soit morts, soit vivants. Au contraire, cela nous portera à prier avec plus de confiance, car dépouillé de tout et consacré à Jésus par Marie, ce sera faire plaisir à Notre-Seigneur et à sa sainte Mère que de leur donner occasion de témoigner leur reconnaissance envers une personne qui sest dépouillée pour le revêtir, qui sappauvrie pour lhonorer. Ils ne se laisseront jamais vaincre en reconnaissance. |
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EFFETS MERVEILLEUX DE LA DEVOTION A MARIE.
Par la lumière que le Saint-Esprit nous enverra par Marie, sa chère Epouse, nous connaîtrons notre mauvais fond, notre corruption et notre incapacité à tout bien ; nous nous mépriserons à la suite de cette connaissance et nous penserons à nous avec horreur, nous regardant comme un limaçon qui empoisonne tout de sa bave, ou comme un serpent malicieux qui ne pense quà tromper. Enfin, lhumble Marie nous fera part de sa profonde humilité, qui fera que, parce que nous nous méprisons, nous ne mépriserons plus personne et aimerons le mépris. Marie a pour nous, tout au moins pour celui qui laime, des devoirs charitables comme la meilleure de toutes les mères. Elle nous aime tendrement parce quelle est notre véritable Mère ; parce quétant prédestinés, Dieu nous aime ; parce que consacrés à elle ; parce que nous sommes sa portion et son héritage. Son amour est, pour nous, actif et effectif, fait pour nous obtenir la bénédiction du Père céleste. Elle saisit toutes les occasions favorables pour nous faire du bien. Elle fait fuir tous les maux de ses serviteurs et les comble de toutes sortes de biens, leur donnant la grâce pour en venir à bout avec fidélité. Elle nous donne de bons conseils. Par notre offrande parfaite que nous lui avons faite de nous-mêmes et de nos propres mérites et satisfactions, marie nous approprie et nous rend digne de paraître devant Notre Père céleste ; changeant nos habits par des habits propres, neufs, précieux et parfumés, cest-à-dire de Jésus-Christ, son Fils. Elle nous donne à manger le Pain de Vie, quelle a formé. Elle est la trésorière et la dispensatrice des dons et des grâces du Très-Haut, elle en donne une bonne portion, et la meilleure, pour nourrir et entretenir ses enfants et serviteurs. Elle nous conduit et dirige selon la volonté de son Fils, nous montrant les chemins de la Vie éternelle et éviter les dangereux. Elle nous soutient quand nous sommes prêts à tomber ; nous relève quand nous sommes tombés ; nous reprend, en Mère charitable, quand nous manquons. Saint Bernard nous dit quen la suivant nous ne nous égarons point. Un véritable enfant de Marie ne sera pas trompé par le malin, ni ne tombera en quelconque hérésie formelle. Car là où est la conduite de Marie, là ni le malin esprit avec ses illusions, ni les hérétiques avec leurs finesses ne se trouvent. Elle nous défend et protège contre nos ennemis, elle nous cache sous les ailes de sa protection, comme une poule ses poussins. Elle se met autour de nous et nous accompagne comme une armée rangée en bataille. Jamais un serviteur qui sest confié à Marie, a succombé à la malice, au nombre et à la force de ses ennemis. Elle intercède pour nous auprès de son Fils, et lapaise par ses prières, et elle les unit à Lui dun lien très intime, et nous y conserve. Plus donc nous gagnerons la bienveillance de cette auguste Princesse et Vierge Fidèle, plus nous aurons de pure Foi dans toute notre conduite, une Foi pure, qui fera que nous nous soucierons guère du sensible et de lextraordinaire ; une Foi vive et animée par la charité, qui fera que nous ne ferons nos actions que par le motif du pur amour ; une Foi ferme et inébranlable comme un rocher, qui fera que nous demeurerons ferme et constant au milieu des orages et tourments ; une Foi agissante et perçante qui, comme un mystérieux passe-partout, nous donnera entrée dans tous les mystères de Jésus-Christ, dans les fins dernières de lhomme et dans le cur de Dieu même ; une Foi courageuse, qui nous fera entreprendre et venir à bout de grandes choses pour Dieu et le salut des âmes, sans hésiter ; enfin, une Foi qui sera notre flambeau enflammé, notre vie divine, notre trésor caché de la divine Sagesse, et notre arme toute puissante dont nous nous servirons pour éclairer ceux qui sont tièdes ou qui ont besoin de charité, pour donner la vie à ceux qui sont morts par le péché, pour toucher et renverser, par des paroles douces et puissantes, les curs de marbre, et enfin pour résister au diable et à tous les ennemis du salut. Par cette pratique, bien fidèlement observée, vous donnerez à Jésus-Christ plus de gloire en un mois de temps que par aucune autre, quoique plus difficile, en plusieurs années. |
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